Futur Digital enquête sur les arnaques sur internet en Afrique
Les arnaques sur le web ne concernent pas uniquement l’Europe ou les Etats-Unis. Cette pratique illégale prend également de l’ampleur dans les Etats Africains, surtout en Afrique du Sud, le pays le plus connecté de ce continent d’après les informations recueillies par Futur Digital. Les arnaqueurs ont fait plus de 500 millions de victimes dans le monde, pour plus de 100 milliards de dollars de perte, en 2011. Dans le top 10 des cyber-arnaques, le Nigéria se place en 3ème position, le Ghana et le Cameroun s’installent respectivement en 7ème en 9ème position.
L’arnaque à la Nigériane
Figurant parmi les trois premiers pays les plus touchés par la cyber-arnaque au niveau mondial, le Nigéria est l’une des plus importantes cibles des Etats-Unis en termes de cybercriminalité. L’arnaque à la nigériane se présente sous la forme d’un e-mail dans lequel une personne contacte un internaute pour l’aider à débloquer une somme d’argent mirobolante.
Dans les messages, les arnaqueurs incitent leurs victimes à payer un certain montant qui, soi-disant, permettrait de débloquer l’argent. En retour, ils promettent de donner un certain pourcentage aux internautes. Cette stratégie a été utilisée dans le pays depuis de nombreuses années et semble prendre des dimensions encore plus conséquentes.
La raison est que les criminels préfèrent opter pour une activité moins risquée mais payante. En effet, si une attaque à main armée dans un établissement bancaire nigérian rapporterait 10 000 à 20 000 euros, un investissement de moins de 5 euros dans l’arnaque sur le web rapporterait le même montant.
Le chantage à la vidéo
Hormis les e-mails, les escrocs commencent également à s’adonner au chantage à la vidéo dans le continent africain. Cette tactique est surtout efficace chez les jeunes qui recherchent désespérément une relation amoureuse. Ces derniers sont mêmes prêts à prendre des poses suggestives sur leur webcam à la demande de leur interlocuteur afin de vivre une aventure, même virtuelle.
Or, les arnaqueurs enregistrent ces vidéos compromettantes, puis s’en servent pour menacer l’internaute. La rançon demandée par ces criminels pour arrêter la diffusion des vidéos dans les sites de partage tels que You tube peut atteindre des centaines d’euros.
Bien plus que la perte d’argent, cette pratique peut inciter la victime à se donner la mort. Tel fût le cas de Gauthier en France. Il est à noter que les enquêtes concernant cette affaire ont mené à un cybercafé d’Abidjan.
Face à cette situation, le parquet français a envisagé de mettre en place une commission rogatoire internationale pour demander à la police ivoirienne d’enquêter sur l’affaire et de renvoyer le jugement dans l’Hexagone. Toutefois, la juridiction française semble avoir abandonnée le dossier Gauthier en 2012.
Des lois encore floues concernant la cybercriminalité
Futur Digital estime que la recrudescence de la cybercriminalité est la cause d’une législation encore impuissante au niveau africain et mondial. Hormis le Nigéria, l’arnaque via le web semble également se développer fortement en Côte d’Ivoire, surtout à Abidjan, la ville considérée comme la capitale de l’escroquerie sur la toile.
D’après le rapport de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales ou ONDRP, l’escroquerie en ligne est devenue une véritable culture en Afrique Noire. Au Maroc, des pirates bien connus comme la Team Evil ou le Morroccan Ghosts ciblent les sites proposant des jeux de hasard et des portails israéliens, pour des raisons politico-religieuses. D’autre part, les Camerounais s’attaquent aux plateformes gouvernementales tandis que la Côte d’Ivoire s’en prend aux biens et aux habitants des pays du Vieux Continent.
Pour lutter contre les escrocs sur le web et pallier à la faiblesse de la législation concernant le crime en ligne, neuf états africains se sont réunis à Dakar en 2012, pour travailler à l’harmonisation des lois. Le 27 novembre 2012, le Nigéria a mis en place un texte définissant les infractions et les sanctions relatives à la cybercriminalité. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest travaille également sur le sujet afin de réduire le nombre de pirates africains sur internet.
De son côté, la Côte d’Ivoire a instauré un mécanisme permettant de recueillir rapidement les plaintes provenant de son territoire, de l’Europe, des Etats-Unis et du Canada. Le service dispose d’une permanence 24 heures sur 24 pour recueillir un volume d’information plus importante. Cette nouvelle mesure a été créée en 2009, mais elle n’a été complètement opérationnelle qu’en 2011, après la crise post-électorale que le pays a subie.
La cybercriminalité africaine : une activité organisée
Les pertes engendrées par l’arnaque en ligne atteint plus de 320 millions d’euros par année en Afrique du Sud. Les chiffres continuent de progresser. Une criminalité organisée semble voir le jour petit à petit dans le Continent africain.
Au Nigéria, des hommes d’affaires fortunés, vivant dans le luxe des grandes villas, s’autoproclament arnaqueurs, sans aucune peur d’être arrêté. Ils se disent marginalisés et effectuent facilement leurs activités illégales, à n’importe quel endroit.
Si les professionnels de l’escroquerie font une véritable carrière de la cyberarnarque, les adolescents recherchant l’argent facile s’y mettent également. Ces derniers tournent autour des cybercafés des grandes villes comme Abidjan, et s’organisent suivant les compétences de chacun. Certains peuvent endosser le rôle de l’hameçonnage, et les plus expérimentés se chargent du chantage à la vidéo, un travail nécessitant un savoir-faire plus conséquent pour la réussite des opérations.
Durant l’année 2011, les escrocs ivoiriens ont pu extorquer plus de 14 milliards de Francs CFA, soit plus de 20 millions d’euros, pour 914 dénonciations et 6 personnes interpellées et condamnées par la justice de l’Etat.
En conclusion, Futur Digital estime que les mesures pour contrer les pratiques illégales sur le web manquent de puissance.
La vigilance est de mise.